My Shell (2) – Créatures lunaires

Après le coup de fil, la rencontre et les premières répètes à trois, le trio (voir épisode 1) : le groupe est formé en 2003. Il ne s'appelle pas encore My Shell mais "Pammainnant". Pourquoi ça sonne comme une mauvaise blague? Tout ça à cause d’une première répète enregistrée où il a fallu écrire sur le minidisc le nom de notre groupe, « Ah non pas maintenant c’est trop tôt », « OK va pour Pammainnant ». On a traîné ce nom pendant deux ans. Ne faites pas ça chez vous.

Nous voulons compléter le dispositif car aucun de nous ne se sent de tenir le micro. Nous avons répété la méthode de la petite annonce papier dans les magasins de musique. Après force auditions toutes plus désespérantes les unes que les autres, nous avons tenter la méthode de la dernière chance : le karaoké ouvert. Pourquoi pas aller écouter des gens qui chantent pour se faire une idée en direct? Un karaoké au fin fond du Territoire de Belfort, une soirée d'hiver pluvieuse, et une sortie heureuse puisque nous y avons rencontré Florence qui fut la chanteuse de Pammainnant jusqu'en juin 2004. Ce fut court. Parce qu'on ne peut pas dire que Belfort était faite pour moi : j'avais envie d'une grande ville, de son anonymat et de sa vie culturelle trépidante. Je suis resté 2 ans à Belfort, mais les rencontres que j'y ai faites ne resteront pas sans suite.

Mon départ pour la grande ville signe logiquement la fin de Pammainnant. A mon arrivée à Paris, en 2004, j’ai la chance de rejoindre un autre groupe : Clarknova, mené par Ludovic Egraz et qui m’a appris énormément de choses sur la composition, l’arrangement et surtout la production. Merci Ludo, sans toi qui sait si j’aurais pris le chemin qui m’a mené jusqu’ici ? Clarknova n’a malheureusement pas laissé une trace formidable dans l’histoire du métal hexagonal, mais dans mon parcours personnel ce fut une période déterminante. Et je défendrai ces morceaux jusque dans la tombe.

Je me revois en 2005 me promenant en vacances en solo en Auvergne, près du Puy Mary. La déambulation solitaire m’est toujours propice aux divagations menant à idées et projets. Et pourquoi ne pas mettre ces nouvelles compétences de production – et le studio auquel j’avais accès grâce à Clarknova – pour renouer avec mes deux compères belfortains et relancer la machine ? Nous étions éloignés de 500 kilomètres, certes, mais on pouvait toujours se déplacer le weekend pour répéter et enregistrer…

C’est ainsi qu’en novembre 2006, une session fut bookée. Les meilleures conditions d’enregistrement qu’on ait jamais eues. En 3 jours, on met 3 morceaux en boîte, nos 3 morceaux époque « Pammainnant » sur lesquels nous appuyer pour la suite. Plus de chanteur ni de chanteuse ? Et alors ? C’était un parti pris casse-gueule à l'époque, et il y aurait peut-être un espace commercial un peu plus large pour une esthétique rock instrumentale aujourd’hui. Quoique Karma to Burn ou Mogwaï étaient déjà passés par là...

En fin de session, on finit même par composer un morceau ensemble en une heure, enregistré en une prise. Rien ne nous arrêtait. On l’a appelé « Shell Shock »

Il reste aujourd’hui de cette session ces 3 morceaux mixés par la main de maître d’Ivan Herceg et qui vous feront je l’espère agiter la tête. « Créatures lunaires », le tout premier qu’on ait jamais écrit Guillaume et moi. « Blue Express », son mur de guitares hommage à l’utilitaire Renault de notre batteur. Et « The Tube », qui aurait pu bien porter son nom s’il était tombé sur les bonnes oreilles.

Ca s'écoute partout (https://linktr.ee/myshellmusic), c'est un bonbon power rock des années 2000 et sa résurrection est jouissive pour nous tous!